Je ne suis pas épargné par les fractures.  Elles nous font prendre conscience de notre fragilité. J’ai un palmarès de fracture dont je préférerai me passer. Il y a un après dans toutes les crises. Il faut en saisir l’opportunité de rebondir pour se reconstruire et s’améliorer. Cet article est une modeste réflexion sur mes douloureuses expériences et la gestion d’un fémur cassé . Et qui sait ? Je le souhaite, rassurera des personnes qui le vivent mal.

Vous avez vécu une fracture, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire.

Palmarès de casse.

Il y a constante à toutes mes chutes. Je récupère, et la fois suivante, j’y vais encore plus fort !

  • 3 fractures de la clavicule : en 2011 à l’entraînement ; 2014 une Sortie de Haute Route dans la descente de la hourquette ; 2016 dans la descente des Saisies lors de la cyclosportive Grande Bo.
  • une fracture de la malléole en Ski Alpi, en Février 2017.
  • une fracture du fémur à l’entraînement en juillet 2020.

radiographie de fracture du fémur malléole clavicules

Que ce soit dans la réussite ou dans votre apprentissage, il faut avoir une qualité : la remise en question. Dans votre travail, vos études, vos activités extra pro, c’est nécessaire.

Ne parlez pas d’échec car perdre est une idée reçue.

C’est la promesse d’un développement personnel et de progresser à des nouvelles facultés : psychiques, physiques et à la gestion de son temps. Ne pas se remettre en question serait une erreur.

Pourquoi se remettre en question ?

Que la chute mène à un arrêt ou non, elle est souvent liée à une perte de vigilance, d’une routine, de vivre avec fatigue que l’on ne perçoit plus, d’une confiance en soi, ou d’une accumulation de stress inconscient que l’on veut libérer.

La remise en question amène à changer de regard sur son quotidien et progresser. 

Pourquoi je réalise une tâche ? Est-ce que je ne peux pas faire autrement ? Quelles sont mes objectifs ?  Y’a t’il une valeur ajoutée à court et à long terme ? Les réponses à ces questions sont simples.

  • Pour apprendre à s’écouter et se reposer.
  • Pour gérer différemment et efficacement son travail ou ses passions sans lassitude.
  • Pour apprécier d’autres plaisirs de la vie.

Les blessures sont-elles des opportunités ?

Au présent de la chute, la réponse est négative. On ne peut rarement s’avouer chanceux d’être tombé. On ose croire que c’est anodin jusqu’à la confirmation des contrastes de l’imagerie médicale.

La période de l’arrêt cardiaque est en fonction de la gravité de la chute. Pendant cette période, il faut être positif. Les opportunités, elles se révèleront bien plus tard. Néanmoins, les blessures que j’ai eu n’ont pas été compliqué. Il y a des accidents plus graves qui peuvent être handicapant. Une certitude, il faut savoir accepter les moments difficiles.

Ne pas chercher la performance !

La reprise d’une activité physique après une fracture va varier d’un minimum de 1 semaine pour une clavicule, à 1 mois pour la malléole et 2 mois pour le fémur. Il ne faut pas confondre la rééducation (reprise d’activité physique) à de l’entraînement.

La rééducation s’est remettre une connexion avec entre son cerveau et des mouvements.

La seule vérité qui s’applique pour une rééducation réussie est de ne pas chercher la performance et vivre avec la douleur. 

La fracture du fémur.

Les différents cas de fracture du fémur sont nombreux. La mienne est une fracture oblique trochantérodiaphysaire déplacée. Elle a nécessité une intervention chirurgicale par ostéosynthèse. Cette chirurgie dure 30 minutes environ et sous anesthésie. Le chirurgien opère 3 incisions en regard du sommet du grand trochanter pour guider un clou qui ponte la fracture et le col fémoral.
Le clou est enfin verrouillé, et les incisions agrafées.

radiographie d'une ostéosynthèse du fémur par clou gamma

Après l’opération, comment se passe la rééducation ?

Quelques jours après l’opération, la reprise de l’appui est possible avec des béquilles. Elle sera total au moins après 45 jours.

Des soins sont réalisés tous les jours par une infirmière à domicile. Elle réalise des injections de Lovenox (anti-plaquette) et des prises de sang. Il faut surveiller le taux de plaquettes qui augmente au-delà des normes. Ce taux baisse à mesure que la cicatrisation se forme.

  • J+5 La rééducation par le kiné est réalisée à domicile dès les premiers jours. Les objectifs sont de diminuer l’œdème (mini 10 jours), de la souplesse et à moyen terme obtenir une marche sans douleur, sans boiterie et ceux avec les béquilles. Oui, le clou gamma est un tuteur pas un os. Le renfort musculaire arrivera après la radio de contrôle. Je suis allé au kiné pendant 5 mois à raison d’une fois par semaine. Le kiné est indispensable !!
  • J+45 Contrôle radio. La radiographie de contrôle peut varier selon le type de fracture. Pour ma part, c’est après 7 semaines que j’étais fixé sur la cicatrisation. A partir de ce moment, je vous invite à pratiquer une première séance chez un ostéopathe.

Du positif jour après jour.

Il faut de la patience. Jour après jour, si vous êtes progressif et assidu, vous ressentirai significativement les progrès. C’est le jour où j’ai repris la natation que j’ai eu les meilleurs bénéfices.

La natation, comme miraculeux.  Déjà lors de ma fracture de malléole, l’effet de l’eau avait accéléré ma réadaptation. Avec le fémur, c’était encore plus incroyable, comme divin. Toujours avec progressivité, je m’exerçais à marcher dans l’eau. Ce peut paraitre anodin, mais elle permet de mettre en conscience la fonction et la coordination de ses muscles et ses articulations. Progressivement, je me suis remis à de la nage avec pullboy et petit à petit à remettre en mouvement les jambes.

  • J+65 Reprendre le vélo

Rouler en endurance, en vélocité, ne chercher pas à pédaler en force. L’objectif est de retrouver une excellente coordination neuro-musculaire et un équilibre de puissance. Au fil des semaines, j’ai augmenté progressivement ma puissance selon mes sensations. Au 3 novembre, à la reprise du suivi avec mon entraîneur, j’affichais un CP5 de 385w et CP20 de 335w.

specialized sworks aethos

J+90 Reprise de la course à pieds.

C’était ma plus grande appréhension. C’est grâce aux exercices de proprio avec le kiné que j’ai repris confiance sur mes appuis. Les premières sorties n’ont pas été douloureuse mais tendue. Le plus long est de retrouver une bonne posture et de la résistance dans la jambe.

courir à pieds sous la pluie

J+180 De nouveau sur les skis de fond.

Ce fût m’a grande surprise. Le ski de fond c’est la cerise sur le gâteau. Il n’y a pas mieux et vraiment débloquer toute la mécanique pour arriver à couvrir des sorties de 70 km au mois de janvier 2021.

ski de font à corrençon en vercors

Ski de fond à Corrençon en Vercors © Focus Outdoor

Comme le montre le graphique Nolio ci-dessous, je suis « tombé de haut » en terme de condition physique. Et sans aucun doute, le fait d’être sportif et entrainé font que l’on récupère mieux (à ne pas confondre avec plus vite).

graphique évolution de la fatigue et de la condition physique pendant un arrêt de sport

Ma fréquence cardiaque de repos a grimpé de dix pulsations, et tantôt, j’ai retrouvé une VFC excellente et pris plus de 6 kg sur la balance. (Issue de Haptools)

graphique VFC haptools pendant un arrêt de sport

Le décrochage de fatigue court terme est vertigineuse. Les courbes remontent avec progressivité quand j’ai eu l’accord du kiné et du chirurgien de reprendre la rééducation physique. Au bout de 4 mois, c’était tout était “presque” revenu à la normal.

J’ai ressenti un rebond physiologique assez grisant après un si un long arrêt. 

Au mois de novembre, mon entraîneur a repris les ficelles sur Nolio ! Et ça aussi, c’est important d’être bien entouré. Il a permis de gérer bon emballement physiologique et mon enthousiasme à l’effort. 

22 novembre 2022 le jour de l’ablation du clou. 

2 ans plus tard ! J’ai attendu 2 ans avant d’entreprendre l’ablation du matériel d’ostéosynthèse. C’est un choix et une décision personnelle.

Pourquoi avoir entrepris la démarche ?  L’os est consolidé et je veux retrouver ses capacités fonctionnelles. Etant en bonne santé, jeune et bonne condition physique le risque est minimisé. Gardez le clou est un facteur de risque à d’autres problèmes sur du long terme.

Comment se déroule le process ? 

  1. Prenez rendez-vous chez votre chirurgien. Il vous expliquera les risques et planifiera les prochains étapes. 
  2. Faire un scanner pour vérifier que l’os soit bien consolidé, ni déplacement du matériel
  3. Rendez-vous chez l’anestésiste 1 semaine avant l’opéraration
  4. Faire un test PCR 48 avant l’opération
  5. Chirurgie ambulatoire. Vous arrivez le matin et repartez le soir un peu plus léger

Préparez-vous physiquement à l’ablation

Avant l’opération, je vous insiste réellement à arriver en bonne condition physique et mobile. Si vous avez de la souplesse articulaire, notamment au niveau des hanches, ce ne sera que du plus pour vous remettre rapidement sur pieds. 

Comment se déroule l’opération ?

Vous avez le choix de l’anesthésie. Elle peut-être rachis, c’est à dire uniquement les jambes, vous êtes en éveil, ou total. Personnellement, j’ai pris la première option.

Inconsciemment, le chirurgien sait que j’écoute. Comme “flicqué” je me dis qu’il sera meilleur 😉

Il faut environ 20 minutes pour retirer le matériel. Il faut savoir que l’opération est plus délicate que la pose du clou. Le chirurgien doit inciser plus largement et “casser” de l’os qui s’est formé sur le matériel. Le chirurgien est guidé par des clichés radio tout au long de l’opération

  1. Il retire la première vis sur l’extrémité distale du fémur (au niveau du genou)
  2. La vis qui s’insère dans le col du fémur
  3. Cela se termine par clou le long de la dyaphise. C’est à ce moment que cela tape un peu dans l’os pour le retirer.
  4. La suture se fait par agrafes.
  5. Après l’intervention, vous irez en salle de réveil afin que le produit anesthésiant disparaisse.
  6. Une radiographie de contrôle sera réalisée après l’intervention.

Vous pouvez repartir le jour même après l’intervention. Mais attention, cela saigne beaucoup. Personnellement, j’ai resté une nuit à l’hôpital car la cicatrice a saigné. Une fois sur mes jambes, je suis reparti en béquilles avec appuis. Il faut savoir que votre jambe sera tendu. Les premières 48h il est difficile de plier le genou. Vous aurez un arrêt de travail de 2 mois.

La rééducation

Normalement, il n’y aucun risque au niveau osseux si la fracture est bien consolidée. La seule limite après l’opération sera la cicatrisation de la voie d’abord pour enlever le clou et de rééduquer un peu moyen fessier et tissu mou (muscle fascia de la jambe).

  • Il faut compter 15 jours maximum pour retirer les agrafes.
  • La cicatrisation des tissus mou est de l’ordre de 3 à 6 semaines. 
  • Le médecin prescrit des antalgiques. Prenez-les ça aidera à la récupération. Mais également à mettre du froid. 

J’ai démarrer le kiné à J+2 après l’opération. Le premier jour, il fait des massages drainant et m’a fait faire des tests d’amplitudes. Aussi surprenant, j’avais 90% de mon amplitude et nous avons commencé des petits exercices.

Le kinésithérapeute ira progressivement dans les exercices afin de retrouver de l’amplitude et réactiver proprement la cicatrisation des muscles. Séance après séance, là où il était difficile de trouver l’équilibre, il devenait (presque) instinctif.  Il est important de bien s’étirer, surtout le piriforme. C’est le muscle qui subit le plus.  Après un mois, vous retrouverez rapidement vos aptitudes naturelles.

Conclusion

Au fil des semaines, vous allez voir que ce n’étais pas si insurmontable. Cependant avoir un clou gamma n’a pas les mêmes propriétés bio-mécanique qu’un os. Les chocs ne sont tamponnés. Cela vous pousse à mieux courir et gagner en souplesse par des étirements. On prend mieux soin de soi.

N’attendez pas le kiné pour vous rééduquer. Chaque jour, il faut être assidu dans les exercices que le  praticien vous fait faire. Dès l’heure que vous avez l’aval du médecin à reprendre un appui total, allez-y avec progressivité et  SURTOUT ne pas s’exercer avec de la douleur. Faites au moins deux séances d’ostéo après le contrôle radio et à la fin du cycle de kiné.

Néanmoins, la perception de la douleur est à nuancer.  Pour un sportif, nous arrivons à dissocier des douleurs et avons un seuil de tolérance plus haut et des meilleures capacités de récupération. Il existe différentes douleurs qui ne sont pas directement lié à la fracture, mais plus à une réactivation des tissus. Si vous ressentez de la gêne réelle à l’exercice il ne faut pas forcer. C’est qu’il est trop tôt.

Rassurez-vous. Vous retrouverez toutes vos capacités. Il faut être mesuré et patient. En l’absence de classement final, vous avez le temps 😉