Chaque fin est la ligne de départ d’une nouvelle quête. En ce jour de boue et de célébrations, nous savions tous que nous écrivions le dernier chapitre de l’histoire XTERRA dans l’écrin naturel de Molveno. La poésie automnale du lieu s’est incrustée dans nos âmes de triathlètes, façonnant une légende que ni la pluie ni le temps ne pourront effacer. C’est l’heure de dire au revoir à Molveno, le cœur plein de gratitude et la tête pleine de promesses.

La montagne, exigeante mais inspirante

Je l’ai entendu dans chaque regard et chaque témoignage : Molveno est bien plus qu’une course, c’est une révélation. Le mental du coureur s’est forgé dans la boue et le froid. Pour beaucoup, ce fut un baptême inoubliable. Loic Menoux, qui a participé aux quatre éditions, résume avec humilité : « Molveno m’a tout appris. » C’est ici qu’il a décroché le « Graal », la victoire finale, couronnant des années d’efforts sur ce terrain si singulier.

La beauté brute des lieux est gravée en nous. Le Luxembourgeois Bruno Malick se souviendra des « montagnes bien pointues », un spectacle qui dépasse la performance. L’Italien Fabio Gallassi s’est dit émerveillé par ce “merveilleux“, un environnement qu’il ne voit « généralement pas ». 

Même si la météo fut, comme souvent, capricieuse, elle a créé un mythe. Jens Roth confie avec une pointe de tristesse : « Je collectionnerai toujours Molveno dans ma tête. C’est toujours une course boueuse et c’est difficile pour tout le monde. »

Cette difficulté est le miroir de notre persévérance. Comme le disait l’Élite Emma Ducreux, Molveno ne la « déçoit jamais ». Pour elle, c’est un « site magique » et le lieu de sa propre « révélation » où elle a pris confiance pour « jouer à l’avant ». Même Thessa Lavancier, pour qui ce fut la première et dernière fois, ne peut qu’être « déçue de n’avoir pu le faire qu’une seule fois », son inspiration la poussant désormais à viser le niveau Élite.

La quête du potentiel

Le voyage n’est pas une destination, mais la somme des rencontres sur les chemins. Si la nature nous façonne, l’esprit de communauté nous porte. XTERRA est une famille, et cette dernière étape a révélé à quel point les athlètes se nourrissent les uns des autres.

Mila Lantelme exprime parfaitement cette alchimie : « Ce qui me motive également énormément, c’est tout ce qu’il y a autour. D’abord, XTERRA me permet de voyager… Ensuite, il y a cette ambiance familiale si particulière à chaque course. » Cette notion de transmission est vitale. Le Belge Jean-Yves Garot trouve son inspiration chez les plus jeunes, prouvant que le sillage des autres est notre meilleure boussole. Il se prépare déjà pour se qualifier aux États-Unis, car « l’envie de faire mieux, d’aller au maximum de son potentiel » ne connaît pas d’âge.

C’est cette plénitude, ce sentiment de savoir où l’on va, que Christophe Lenfant retiendra de ses séjours : « du calme et de la plénitude sur l’ambiance qu’il règne ici. » Même Quentin Audo, malgré une course difficile, note que Molveno « rythmait la saison depuis 4 ans ». Une cadence est finie, mais l’harmonie des rencontres subsiste.

Nouveau Mexique : des opportunités

Quitter un lieu, c’est semer des opportunités. L’horizon nous appartient désormais au Nouveau-Mexique. Ce changement de décor — de la fraîcheur alpine à l’altitude désertique — est à la fois un défi et un appel au dépaysement.

Hannah Lee Young  se montre enthousiaste : « C’est bien d’avoir une course en dehors de l’Europe. Cela donne un peu plus d’opportunités à des gens d’autres endroits. » Elle y voit « un terrain différent » et l’occasion de prendre « un nouvel élan ». Pour l’athlète suisse Anna Zendhers, c’est une occasion en or de « rencontrer beaucoup d’autres triathlètes qui n’ont pas l’opportunité de venir en Europe » et d’accepter un « challenge assez différent », même si cela implique une adaptation précoce à l’altitude.

Pourtant, revoir Molveno s’est affirmé !. Bruno Malick  “ je suis heureux retrouver le parcours XTERRA en championnat d’europe. Il fera sans doute plus chaud ! » Si le mondial déménage, le cœur de l’Europe continue de battre à Molveno. Des coureurs comme Fabio Gallassi et Christophe Lenfant ont déjà coché les Championnats d’Europe à venir, prouvant que la flamme XTERRA brûle sur tous les continents.

Le mot de la fin, Un Héritage, un Horizon

Pour moi, Nicolas Raybaud, le rédacteur de ce reportage, cette dernière édition à Molveno portait une saveur toute particulière. C’était ma quatrième participation, mais une première dans la catégorie Élite. Un passage qui symbolise une quête de patience et d’apprentissage au fil des saisons. C’est un héritage et me donne un nouvel horizon.

XTERRA World Championship 2025

« D’édition en édition, j’ai appris, je suis resté patient pour atteindre la catégorie Élite », je confie. Ce cheminement fut éclairé par les conseils et l’inspiration de l’élite, notamment de Sébastien Carabin, qui a généreusement partagé son expérience. Non seulement j’ai atteint mon objectif, mais j’en repars avec mon meilleur résultat personnel sur ce parcours exigeant.

Mais au-delà de la performance pure, mon attachement à Molveno réside dans l’essence même de l’XTERRA : « Molveno offre un environnement incroyable pour la discipline XTERRA, elle s’attache à beaucoup de valeurs communes ». Ces valeurs, j’ai eu le bonheur de les célébrer et de les renforcer au contact des amitiés nouées au fil des saisons. C’est avec cette émotion, et le privilège d’avoir recueilli tant de témoignages sincères, que je tourne la page italienne.

Molveno nous a offert quatre années de légendes gravées dans la roche des Dolomites. Nous partons avec la nostalgie mais avec l’excitation d’un nouveau désert à conquérir. Le sentier continue, et c’est avec une immense gratitude que je dis adieu à ce site magique, prêt à répondre au prochain appel de la nature sauvage. L’histoire XTERRA ne s’arrête pas là. Les regards se tournent désormais vers l’Ouest.