Apparue il y a plus de 30 ans, la Transmaurienne Vanoise est une doyenne du monde des raids français et mérite au moins le respect dû à son âge. Et comme toute bonne chose, elle se bonifie avec le temps !  Dimanche 18 juillet nous étions un peu plus de 20 équipes a inauguré son mode ultra.

La première Ultra Transmaurienne  

En 2021, je devais initialement participer à l’édition zéro mais ma fracture du fémur m’a reconduit à concrétiser l’expérience Ultra Transmaurienne Vanoise. Accompagné de mon ami Lionel Genthon, nous vous embarquons sur cette épreuve ultra alpine entre France et Italie.

Ludovic Valentin a tenu secret jusqu’au bout l’itinéraire précis et l’esprit d’un nouveau format d’épreuve pour permettre aux riders de tutoyer des altitudes aussi grandioses que le Mont Cenis.

Nous sommes comme des gamins !

Nous nous sommes lancés avec une once de naïveté sur ce défi (sur)humain de 270 km et 10 000 mètres de dénivelé positif.  Le principe de partager cette expérience à deux enlève beaucoup de pression. On ne se pose pas beaucoup de question et l’on part dans l’idée de se faire plaisir comme si c’était un entrainement. 

Il n’y pas de vainqueurs mais que des finishers.

Vous avez le temps. Il faut terminer en moins 50h. Le principe n’est pas d’être le plus rapide mais de pouvoir terminer. Sur les 270 km, plusieurs options de replis s’offrent au binôme si les jambes ne suivent plus. Il y a 3 boucles que les équipes peuvent shunter toute en étant considéré comme finisher d’une expérience Ultra.

Il n’y a aucun balisage. Seule ta capacité de suivre la trace de ton gps te mènera jusqu’à l’arrivée. Sur les 7 bases de vie disposés tu peux dormir, recharger tes batteries, te revigorer de sandwich de diot, soupe, lasagne et croziflette. Avec les milliers de calories dépenser c’est le minimum !

Sur 2 bases de vie, un sac d’allègement est possible. Pour notre part, nous avons seulement disposer du ravitaillement.

Le chemin du petit bonheur

Nous avons fait vérifier notre matériel. Tout est conforme. Nous nous engageons sur la ligne de départ. 11h le départ est lancé et nous traversons le village d’Aussois sous les applaudissements. comme si nous partions en guerre.

au départ de ultra transmaurienne vanoise

Nous prenons notre allure et nous retrouvons déjà en tête. Le premier tronçon est une succession de petites côtes roulante sur une surface sèche et de pierres. A toute vitesse nous prenons le joli « Chemin du Petit Bonheur » pour rejoindre Bonneval-sur-arc.  

bonneval sur arc

D’ici, nous grimpons au hameau minéral d’Écot. Le soleil frappe fort et nous modérons notre effort. Il y a un flot de touriste assez important à l’heure de passage. Il faut être alerte et courtois. Dans la descente d’Écot, nous subissons notre seul petit ennui de la journée, un serrage boa qui casse sur la chaussure de Lionel.

chemin du petit bonheur

Nous arrivons au premier point de ravitaillement à Bessans. Nous prenons 5 minutes pour recharger nos réserves d’eau et repartons les derniers.

Des vrais grimpeurs !

De Bessans, une longue montée de 20 km nous attend. Elle remonte par des pistes de ski, des monotraces avec du devers, des passages à pied au-dessus de cascades. Le Col de Solliere se termine une ligne en dessous d’une crête simplement magnifique.

cascade ultratransmaurienne

Nous roulons sur chemin de lauze avec un point culminant à 2600 mètres. C’est un des passages que nous avons adorés. Le sommet franchis, nous redescendons vers le petit refuge du Mont-Cenis. Nous ferons une courte pause, avant de partir vers la petite commune de Moncenisio sur le territoire Piémont.

col sollière

À (pied)mont

Nous nous remettons en selle pour en prendre à plein la vue. Nous allons circuler autour du lac de Mont-Cenis à l’heure du golden-hour. Avant d’arriver à Moncenisio, nous avons le droit une montée et descente sous la pluie sur une voie romaine qui va nous secouer.

Au pittoresque hameau de pierre de Moncenisio, l’ascension va se durcir. Nous serons contraints de mettre pied à terre pour s’affranchir de cette difficulté sur le végétale et de large pierre glissante. Les changements de surface et les variations météos ajoutent de la valeur à cette ultra.

Nous reprendrons la route du col de Mont-Cenis pour reprendre un chemin somptueux en encorbellement au-dessus du lac. Nous passons devant le fort de ronce et serpenterons sur une monotrace où les vaches nous feront barrages ! Lionel s’initie en vacher pour faire circuler le troupeau.

lac mont cenis

Le refuge

Dès l’apparition de la pluie, nous nous arrêtons pour mettre nos imperméables et gants afin de conserver notre chaleur. Le refuge du mont-cenis arrive à point nommé.  Nous sommes même en avance sur le temps de prévu. Nous en profitons pour se délecter d’un sandwich au diot et d’une soupe chaude. Nous préparons notre éclairage pour la nuit et la longue descente qui va suivre. Certaines équipes resteront dormir. Certaines abandonneront.

Au chemin du petit bonheur

La nuit va nous jouer des tours. La descente annoncée dangereuse m’a mis à rude épreuve. Même par temps sec, je ne serai pas passé. Le chemin de la crosta, 2 km de descente tortueuse, sur des dalles de pierres rendu glissante par la pluie. Nous avons quasiment fait l’intégralité du chemin à pied.

Néanmoins, nous sommes encore dans le tiercé de tête. Une nouvelle longue montée se dessinent sur la route. Lionel et moi avons la même constance de vitesse. Derrière, ce cache une autre section de « coup de cul » sur des chemins en monotraces particulièrement usante. Je suis dans la douleur pour suivre et cela ne s’arrange pas.

Au terme de cette section, l’organisation doit s’adapter à la situation et change d’itinéraire pour rejoindre la base de vie 4 à Val Fréjus. Notre trace initiale sera raccourcie d’environ 7 km par le chemin du petit bonheur.

Un choix à prendre

Nous arrivons à la base de vie 4 à Val Fréjus pour recharger et prendre les bonnes décisions. La soupe était bonne 😉

soupe

Avant d’y arriver à la base de vie, je me suis vautré à deux reprises par manque de lucidité. Je n’avance plus, et ne prends guère de plaisir dans la douleur. Nous prenons la décision raisonnable et commune de shunter la boucle de Bardonecchia. Elle s’annonce encore plus difficile. À 3 heures du matin, nous prenons la direction d’Aussois pour franchir la ligne d’arrivée sans regret.

Ô ssois

Nous terminons une ultra expérience. C’était une première expérience qui je le sais nous conduira à le réaliser entièrement. Nous avions les jambes pour être les plus rapide mais nous n’avons pas suffisamment pris la portée de l’engagement mental à fournir. Aujourd’hui, nous l’avons bien mesuré. Le format ultra requiert des capacités de résilience qui s’apprennent dans ces situations.

Quiconque affronte ses limites, peut les maitriser par la suite. 

Le format de l’ultra atteint ici des extrêmes. C’est un itinéraire exceptionnel où la résistance humaine est mise à rude épreuve. Nous repartons le dos et les bras en vrac, les jambes bétons, des souvenirs et des états qui nous ont donné envie d’y revenir.

Merci à tous vos messages félicitations et à Virginie pour ses encouragements.

Côté pratique

Qu’est-ce que j’ai pris dans notre sac de portage ?

Il y a un matériel obligatoire par équipe et par coureur.

  • Sac de portage Instinct Trail X 10L
  • Montre GPS Coros Apex 46mm
  • Une veste imperméable Neoshel Polartec.
  • Une paire de gant long deflect
  • Un sifflet
  • Trousse de secours : compresse, eau physiologique, gants nitrile, bande auto agrippant, lingettes désinfectante, pansements, couverture de survie, Opinel
  • Pompe vélo
  • Pochette néoprène pour l’électronique : batterie externe, charge téléphone, téléphone
  • GoPro
  • Pastilles d’hydratation et flask d’énergie
  • Pièce d’identité avec pass sanitaire

Pour la partie éclairage, j’ai opté pour une lumière avant/arrière Specialized et en frontale casque une Petzl.

Pour le matériel de réparation, c’était sur mon vélo (chambre à air, cartouche à carbone, dérive chaine et maillon rapide).

Quels équipements j’ai porté ?

Nous montons à des attitudes dépassants les 2000 mètres. La température est descendue en dessous de 10 degrés. L’objectif pour ne pas avoir froid et de rester au sec avec les bons vêtements.

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