Alors que les promesses de l’hiver parsèment les montagnes, j’ai pris la voie des airs pour atterrir sur l’île de la Réunion. Un triathlon qualifié de fou avait attiré mon intérêt l’an dernier. Marjolaine Pierre n’a fait que conclure cette opportunité de participer à La 0 3000. Merci Marjoooo ! La 0 3000, c’est 1500 mètres de natation dans le lagon de Saint-Pierre, 45 km et 1500 mètres d’ascension jusqu’à Cilaos pour par un trail de 10 km et 1800 mètres d’ascention au Piton des Neiges. C’est un sacré morceaux de 3250 mètres de dénivellation que Maxime Chané gagnera en 4h.
À la Réunion (et non, En Réunion)
Raphaël m’a trouvé une petite cabane, loin de la ville sur les hauteurs de Saint-Joseph, plus précisément, la plaine des Grègues. Le bus de la ligne 73 me permettait de rejoindre la ville.
La plaine des Grègues offre deux belles opportunités de trail dans la forêt du rond : la boucle du Curcuma ou la boucle des Margosiers. Après ce crapahutage, j’ai revu ma définition de la pratique du trail. Les sentiers sont techniques, raide à la montée comme en descente. De plus, il faut s’acclimater à des conditions climatiques éprouvantes.
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L’incertitude
Les rumeurs circulaient sur la possibilité d’un plan de repli du triathlon 0 – 3000. Météo France présageait un gros épisode pluvieux sur toute la Réunion le jour de la course. Ma nouvelle famille était confiante. Il y a plus de 200 micro-climats sur le grand cailloux et la météo change vite. Il faut attendre la dernière heure du départ, et admirer le piton pour que François Pierre annonce avec plaisir le maintien officiel de la course jusqu’au Piton des neiges.
Jour de course
Je me réveille à 3h50 du matin après une bonne nuit de sommeil. La nuit est encore présente mais j’entrevois un ciel dégagé. Contrairement aux prévisions météo, la pluie n’est pas tombée cette nuit. Raphaël me l’avais dit “ si demain tu vois le piton des neiges, la course se fera sans pluie. La pluie arrive toujours dans l’après-midi ” Il avait raison !
Je dépose mon vélo à 5h15 sur le port de Saint-Pierre. Le soleil se lève petit à petit. Le parc est déjà bien bondé.
François Pierre annonce avec sourire que la course atteindra le point culminant du piton des neiges. Il entame alors le briefing avant de nous lâcher dans le lagon.
Nous sommes plus de 700 participants entre le duathlon 0 2000 et le triathlon 0 3000. 700 est la la limite maximale autorisée à défaut de place pour nager dans le lagon. Clément Mignon, Maxime Chané font figures de favoris, mais il faut compter sur des triathlétes élites.
Dans les pieds de Camille Lacourt
Nous sommes sujets à nager les 1500 mètres dans le lagon en proie au courant et aux coraux agressifs. Les canoës et bouets sont là pour signaler la direction. Je me trouve dans le sillage parfait du champion olympique. Retraité des bassins sa nage n’en reste pas moins efficace me permettant une allure moyenne en 1’18/100m un peu aidé par la sortie à l’australienne.
Nous courons sur le port rejoindre nos vélos. Nous devons en premier temps sinuer avec le trafic routier pour sortir de la ville. Les signaleurs font bien le travail et nous sommes en sécurité. Il faut environ 20 minutes pour attaquer la montée vers Cilaos, vers Saint Louis.
Les 400 virages de Cilaos
Les 21 virages de l’Alpe d’Huez, c’est une petite côte face à sa majesté de Cilaos.
Retrouvez l’intégralité de la montée de Cilaos sur Kinomap
La montée se réalise en trois temps et cumule 35 km et 1500 mètres de dénivelé. Pour dire vrai, j’ai connu pire sur la Taiwan KOM Challenge. Cette montée vers Cilaos est insaisissable. Il faut être constant et lucide à chaque épingle. Nous traversons un dernier tunnel noir qui mène dans le cirque de Cilaos. La pluie s’installe dans ce dernier rempart vers la zone de transition dans le stade.
Je retrouve mon sac, enfile mes chaussures, et complète mes deux flasques en vue de l’ultime escalade au piton des neiges. Je suis actuellement 11ème.
Au haut du mur : Le Piton des Neiges
Le premier bloc se déroule sur le goudron. Je prends une allure footing sur ces 3 kms nous amenant au sentier. Les choses sérieuses commencent.
J’ai récupéré la trace GPS sur ma Coros. Le fil d’ariane est d’une précieuse aide sur le reste à faire. Les racines, la terre boueuse, les roches glissantes rendent se trail complexe. Nous sommes dans des chemins extrêmement raides, en marche rapide.
Chaque mètre de replat, correspond à une ligne de relance. J’ai l’impression de faire du fractionné.
Plus nous avançons, plus le chemin se fait raide, étroit et sinueux.
Lorsque nous arrivons au refuge du piton, le froid, le brouillard et le grésille s’installent. Nous changeons totalement d’ambiance. Je ressens des frissons. De la flore humide et boueuse, nous passons dans une nature minérale et abrasive. Le regard balaye le sol à la recherche et à l’anticipation de chaque pas. Les mains en appuis sur les cuisses, il faut garder une marche rapide. J’ai encore de l’énergie et me voit rattraper des concurrents que je motive à me suivre.
Il reste 250 mètres. Nous y sommes ! Ce sentiment d’accomplissement m’envahit. Le chemin devient une étendue de roche rouge facile à parcourir. Nous arrivons à plus de 3000 d’altitude dans des conditions difficiles. Nous avons un brève instant à savourer car il faut se descendre. Cette descente est impressionnante et au regard des participants qui n’ont pas terminé, on peut constater l’effort réalisé. En moins de 4h30 de temps, je me positionne à la 7e place et la victoire dans ma catégorie d’âge.
TOP 5 scratch 0-3000 (résultats complet du triathlon 0 3000)
- Maxime Chané 4h00’20
- Clément Mignon 4h01’34
- Julien Hagen 4h10’48
- Melvin Payet 4h11’03
- William Even 4h13’10
Pour résumer
Le triathlon 0 3000 est un format de course indécent, un défi unique soumis à toute l’improvisation météo de l’île. Félicitations et merci à les bénévoles qui permettent à chacun de s’élancer sur la 0 3000. Je n’ai qu’une envie, revenir pour un nouveau défi un peu fou !
Site internet de la 0 3000 https://www.leclubtriathlon.fr/
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